Troubadours de l'Himalaya

Les Gandharbas, ou Gaïne, bardes itinérants sont une Communauté d’environ 5 à 6000 personnes. Leur identité est liée à la musique et ils se définissent eux-mêmes comme les colporteurs de la culture du Népal d’antan. Toutefois, la nouvelle donne économique et politique du pays et l’indifférence de plus en plus grande du public les contraignent à s’adapter.

Selon la mythologie, Shiva le dieu rédempteur, les condamna à l'intouchabilité et à aller de village en village pour faire rire ceux qui pleurent et pleurer ceux qui rient.

Au XI^ème siècle sous la pression de la première invasion turco-mongole, un groupe d'intouchables émigra du Rajasthan vers le Népal. Les Gandharba étaient parmi eux et ils se sont établis dans les moyennes montagnes du centre Népal, région de Gorkha et Pokhara et  peu à peu se sont dispersée dans tout le pays à la recherche des nouveaux villages à divertir et surtout de moyens de subsistance. 

Depuis cette époque et jusque dans les années 1960, Les Gandharba allaient d'un village à l'autre pour chanter, transmettre la mémoire du Népal, colporter les potins et aussi communiquer les messages, discrètement au besoin, à ceux à qui ils étaient destinés. Ils recevaient en retour, une aumône de riz ou de lentilles crues, ou plus récemment quelques roupies. Les Gandharbas ne pouvaient pas devenir propriétaires et les villes et villages leur étaient interdits les condamnant au vagabondage et à une pauvreté ignoble. 

Avant l'apparition des moyens modernes de communication, il était les gardiens et conservateurs de la mémoire collective de leur pays, leur musique fut le canal par lequel le Népal rural put découvrir les récits de batailles, les faits de bravoure, les désastres naturels, les joies et les peines de la vie de tous les jours.

Lors de l'unification du Népal au 18^e siècle, le Roi Prithvi Narayan Shah usa de leurs talents pour chanter ses louanges à travers tout le pays. Ils ont alors joué un rôle diplomatique et tactique en facilitant la communication entre régions et en les encourageant à coopérer. Ils furent le principal vecteur de la transmission de la culture parlée du Népal.

Actuellement, ils ont colonisé toutes les régions du Népal, mais sont plus concentrés dans les régions de Pokhara, Gorkha et Katmandou, le groupe le plus important étant celui de la vallée de Katmandou qui compte environ 200 personnes.

Aujourd'hui nombre de Népalais considèrent les Gandharbas comme une plaie. Marginalisées et vulnérables ils sont chassés des bus, humiliés par des bandes de jeunes ou simplement ignorés. Leur popularité est réduite à néant et eux à la mendicité par les changements dans la sphère sociale (CD de musique, informatique, etc.). Certains s'adonnent à l'alcoolisme, d'autres se suicident comme Bouddha (Kumar, que j'aurais aimé pouvoir sortir de là) Cousin de mes protégées de Patan. « Les étrangers ont plus fait pour nous que les Népalais » disent ils, « eux ont du respect pour notre musique ». Quelques Gaïnés ont été invités ponctuellement à l'étranger pour des spectacles de folk népalais (France, Japon, Suisse, Autriche, Monténégro, etc.).

Les Gandharba, ou troubadours de l'Himalaya ou musiciens d'Indra ou musiciens célestes sont les plus pauvres des intouchables, ils vivent dans des conditions de misère ignobles.

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